Depuis des générations, une légende faisait le tour des contrées : celle de la Cité perdue, un village mythique dissimulé dans les profondeurs d'une forêt sauvage et montagneuse, à l'abri de la civilisation. Six aventuriers téméraires, assoiffés d'aventure et de mystère, décidèrent de se lancer à la recherche de ce lieu énigmatique, guidés par une carte ancienne aux détails effacés par le temps. Cette quête, cependant, allait leur réserver des surprises aussi sombres que le secret que renfermait la forêt elle-même.
Alors qu'ils avançaient, l'atmosphère se chargea de lourds silences. La lumière peinait à percer le feuillage épais, et les ombres semblaient étirer leurs doigts sombres pour les retenir. Après des heures de marche épuisante, ils atteignirent une rivière large et déchaînée, dont les eaux noires mugissaient comme une bête en colère. Ils hésitèrent, mais deux d'entre eux, Léo et Selma, prirent les devants pour tenter de la traverser.
Leur premier pas fut leur dernier sur cette rive. Le courant soudain et brutal les aspira, les entraînant dans une chute qui les plongea sous les eaux glaciales. Pris de panique, ils luttèrent pour remonter à la surface, leurs cris étouffés par les remous. Des bulles éclataient autour d'eux alors qu'ils se débattaient désespérément, leurs amis hurlant leurs noms depuis la rive, impuissants face à la force de l'eau.
Dans la tourmente, Léo aperçut une lueur fugitive sous l'eau, et son cœur se figea de terreur. Il vit une ombre serpentant dans les profondeurs, prête à fondre sur eux. Alors que la panique montait, un immense serpent, d'une longueur inimaginable, surgit de l'obscurité. Son corps épais ondulait lentement, ses écailles couvertes de boue, ses yeux jaunes et perçants fixés sur eux. Léo et Selma se débattirent, criant de toutes leurs forces, leurs voix résonnant comme un écho dans cette vallée oubliée.
Après une lutte haletante, ils parvinrent à se dégager de la prise du monstre en le frappant de toutes leurs forces, et ils s'accrochèrent désespérément à la rive de l'autre côté. Exténués, trempés jusqu'aux os, ils se laissent tomber sur la terre boueuse, tentant de reprendre leur souffle.
Ils se retournèrent pour appeler leurs amis de l'autre côté… mais la rive était vide. Leurs compagnons étaient partis. Ils avaient emporté avec eux la seule carte qui leur permettra de retrouver leur chemin. Abandonnés, sans repères, et avec la montagne infranchissable derrière eux, Léo et Selma comprirent qu'ils n'avaient qu'une option : longer la rive en espérant trouver une porte de sortie.
Leur voyage était devenu un cauchemar. La nuit tomba et le froid glacial leur transperçait la peau. La forêt s'éveillait autour d'eux et bruits étranges faisaient battre leurs cœurs : des chuchotements indistincts, des ricanements lointains, et le craquement sinistre des branches sous des pas invisibles. Plus d'une fois, ils s'arrêtèrent net, croyant entendre des voix murmurant leur nom dans l'obscurité.
Au bout de plusieurs jours, ils aperçurent enfin une lumière vacillante entre les arbres. Tremblants d'épuisement, ils avancèrent, fascinés, et débouchèrent sur une clairière éclairée par des lanternes dorées. Un village pittoresque s'étendait devant eux, empli de rires et de musique. Des gens dansaient et partageaient des repas autour de grandes tables en bois dans une ambiance joyeuse.
Une femme aux cheveux blancs, vêtue d'un châle coloré, leur fit signe d'approcher avec un sourire bienveillant. « Vous devez être affamés et fatigués », dit-elle doucement. « Venez, partagez notre repas. »
Léo et Selma, hébétés, se laissent guider jusqu'à une grande table où des plats de légumes, de viande grillée et de fruits trônaient en abondance. Ils s'assirent, accueillis avec chaleur par les villageois qui posaient sur eux des regards pleins de curiosité.
« Vous avez voyagé de loin ? » exigea un vieil homme en s'asseyant à côté d'eux.
Léo, entre deux bouchées, hocha la tête. « Oui... très loin, même. Nous sommes à la recherche d'un lieu appelé la... la Cité perdue. »
Le vieil homme éclata d'un rire chaleureux. « La Cité perdue ! Mais vous y êtes déjà, jeunes gens. Vous l'avez trouvé ! »
Léo et Selma échangèrent un regard stupéfait. Ils avaient trouvé la Cité Perdue ? Ce village mystérieux dont les histoires parlaient en chuchotant ? Ils regardèrent autour d'eux, essayèrent de saisir la réalité de ce moment, mais tout leur semblait apparemment normal, presque trop parfait.
Après le repas, alors que les autres villageois reprenaient leurs danses et leurs chants, le vieil homme se pencha vers eux, baissant la voix, comme pour leur confier un secret.
« Vous savez, ici, les étrangers n'arrivent jamais par hasard. Nul ne peut arriver à la Cité perdue sans s’être lui-même égaré. Tous ceux qui se lancent à la recherche de cet endroit et suivent un chemin précis ne survivent pas. »
À ces mots, Léo sentit un frisson parcourir son échine. Il réalisait avec horreur ce que cela signifiait. Leurs amis, eux, n'avaient pas vécu ce périple chaotique, cette errance sans fin… Ils ne retrouveraient jamais la Cité. Peut-être, étaient-ils déjà morts !
Pendant que les villageois continuaient leur danse sans fin, Léo et Selma regardèrent, impuissants, l'obscurité de la forêt qui semblait les envelopper dans un murmure d'éternité. Une question leur vin alors à l’esprit :
« Si le chemin menant à la Cité était inconnu de tous, qu'en était-il du chemin pour en sortir ? »